Histoire de Guesar de Ling

La préparation de sa venue sur terre

Guesar, Roi de Ling, de son nom céleste Latrik Toupa Gawa –  Le Petit Bouddha Heureux d’Entendre le Dharma, était originaire du Paradis Infini des Merveilleux Bouddhas.
L’histoire qui vous sera contée, dans ces quelques lignes, est un exemple de l’extraordinaire activité compatissante des Bouddhas du passé, du présent et du futur tournée naturellement vers le bien de tous les êtres sensibles.
Les événements se sont déroulés dans la fabuleuse contrée du Tibet, là où les montagnes et les plaines se déploient à perte de vue, là où les forêts et les zones arides se côtoient en harmonie, là, où certains disent que la réalité et le rêve ont le « même goût » !

 

L’action commence dans le cœur du Grand Compatissant, là où les actes des hommes et des femmes apparaissent comme des reflets de la lune sur l’eau. Tchenrézi, c’est ainsi que le nomment les Tibétains, celui qui « continuellement regarde tous les êtres avec l’œil de la compassion », réunit en lui les qualités du Noble Manjushri – la Sublime Sagesse – et de Vajrapani – la Force Indestructible du Dorjé.

Tchenrézi, doué de la double vue des hommes et des bouddhas, les yeux humides de compassion, contemple le résultat des actes horribles du corps, de la parole et de l’esprit des êtres sensibles.

Au noble pays du Tibet, là où les neiges éternelles donnent naissance à de magnifiques torrents et à des cascades d’eau pure, là où les plateaux n’ont pas de fin et où les vallées sont des refuges pour bon nombres d’animaux, l’esprit des hommes et des femmes est prisonnier de la confusion, rempli de souffrances, esclave de l’ignorance. Ces hommes et ces femmes tournent le dos au bonheur, c’est-à-dire à la grande compassion, et à leur bonté naturelle !

 

Par le pouvoir naturel de sa compassion, du cœur de Tchenrézi ont jailli de puissants rayons lumineux de toutes les couleurs dans les dix directions de l’espace. Immédiatement, tous les bouddhas des dix directions, dont le nombre est incommensurable comme l’espace, se sont illuminés. Spontanément, tous sans exception dirigent leur lumière d’or vers Padmasambhava, assis sur un trône de lotus à mille pétales multicolores orné de gemmes éclatantes, au cœur de Zangdok Palri – La Glorieuse Montagne Couleur de Cuivre, son paradis céleste.

Grâce à sa parfaite réalisation, Padmasambhava, le sublime maître de tous les univers, l’essence de tous les bouddhas des trois temps et des dix directions, comprend qu’il est impossible d’aider ces êtres embourbés dans les conséquences de leurs actes.

Sa naissance et son enfance

Les années ont passé.

 

Un événement va venir briser leur vie paisible. Entre les habitants de nGor et ceux de Ling, les relations de voisinage ne sont pas des plus cordiales et des escarmouches éclatent de temps à autre le long de la frontière. La situation s’aggrave lorsque le fils du chopön de Ling, Lemba Tchogyel, est tué par un homme de nGor. Cette fois, l’équilibre précaire est brisé. Chopön Rongsar Thargen réunit les chefs des autres clans de Ling. Ensemble, ils décident le début des hostilités contre toute la province de nGor. La guerre est déclarée et les préparatifs doivent commencer.

Un des chefs de clan, Todong, une émanation envoyée par Padmasambhava à la demande de Latrik Toupa Gawa et dont l’esprit est aussi mobile qu’un damaru, s’empresse de se rendre en secret à nGor afin d’avertir les habitants des intentions belliqueuses des clans de Ling.

Ainsi prévenus du danger imminent, tous les habitants de chaque province de nGor choisissent de fuir loin de leur contrée pour se mettre en lieu sûr. Gogmo, comme tous les autres habitants, suit le mouvement de fuite mais sa nDre fait subitement demi-tour.

Pour tenter de la rattraper elle se met à sa poursuite, mais sans succès, si ce n’est après une longue course qui l’éloigne si bien des autres habitants qu’elle se perd dans les vastes plaines de nGor.

Seule, dans cette région devenue hostile par le danger annoncé, et prenant tout d’un coup l’aspect d’un désert, elle n’a plus pour vivre que la présence de sa nDre et le lait qu’elle peut traire, et les douze volumes de la Prajnaparamita.

 

Au pays de Ling, avant l’attaque, Chopön Rongsar Thargen demande à Singlen de tirer le  « mo » – un moyen divinatoire – de manière à voir comment se déroulera la bataille.

Singlen est un chef de clan, marié, riche propriétaire, personne influente dans les décisions du chopön. Il a une habileté particulière à lire les prédictions révélées par cet outil de divination hors du commun. Le résultat aurait pu intéresser les conseillers du Roi si ce n’est que deux détails vont jeter le discrédit  sur cette prédiction : « Un trésor sera trouvé et sa conquête ne demandera aucun effort, pas de combat en vue, ni de compétition avec un autre prétendant ».

 

La réaction de Todong est immédiate: « Si on peut trouver quelque chose sans le conquérir, c’est certain que cette découverte n’a aucune valeur, et dans ce cas, Singlen, tu peux le garder ! ». Le chopön, surpris par le résultat du « mo », ne trouve rien à redire à la vive réaction de Todong, si ce n’est : « Si on trouve quelque chose à nGor, ce sera pour Singlen, et cela devrait être une bonne coïncidence pour notre ami ».

A la recherche d’une terre accueillante

Les hivers sont très rudes au Tibet, mais cette année-là, le pays de Ling se meurt de froid et il est recouvert d’une épaisse couche de neige qui empêche les animaux de trouver leur nourriture. Le chopön de Ling et les chefs des autres clans, après avoir tenu un conseil extraordinaire, décident d’envoyer des éclaireurs à la recherche de terres dégagées où les chances de survie sont plus favorables. Des groupes de cavaliers sont envoyés dans les quatre directions, chacun avec la mission de trouver des terres hospitalières et dont le propriétaire accepterait de leur louer une partie.

Après plusieurs jours de chevauchée dans les régions arides du Tibet, un groupe de cavaliers arrive à Mako. Quelle n’est pas leur surprise devant le spectacle fabuleux que leur offre cette nature luxuriante. Les yeux des cavaliers se remplissent spontanément de larmes de compassion devant cette merveille; ils peuvent finalement contempler le résultat des souhaits de leurs chefs.

 

Sous un ciel d’un azur resplendissant, dégagé de tout nuage, 
le soleil brille, la chaleur est douce. 
Devant eux, des champs et des plaines à perte de vue,

le tout couvert de la richesse d’une nature épanouie.

L’herbe, de toutes les sortes, est fraîche et vigoureuse, 
des fleurs de toutes les couleurs dessinent un arc-en-ciel à même le sol,

des bosquets et des arbustes semblent avoir été semés pour tacheter le paysage telle une peau de tigre, 
le vent, par moment, ressemble au son d’un lion au repos,
 
les oiseaux, nichés sur les arbres, chantent mille mélodies, les unes plus enchanteresses que les autres,

tous ces sons merveilleux jaillissent de nulle part, ils n’ont pas de destination précise, et ils scintillent distinctement, 
à leur écoute le cœur de nos vaillants guerriers s’adoucit.

 

Subitement, ne voyant pas la raison de ce tumulte, tous les oiseaux s’envolent et un spectacle se dresse devant leurs yeux, sans pour autant que cela leur soit destiné. Tous les oiseaux se mettent à jouer. Une sorte de compétition de voltige entre toutes les espèces d’oiseaux se déploie devant leurs yeux. Grands et petits, tous se mesurent les uns aux autres, montrant leur habilité à dessiner des figures dans les airs. Y avait-il un spectateur ? Nul le sut. Par contre, il se dégageait de toutes ses cabrioles un sentiment de joie, de légèreté et d’aisance qui ravit le cœur de nos cavaliers.

Heureux et comblés de joie à l’idée de raconter ce qu’ils viennent de voir, nos vaillants guerriers s’en retournent à Ling pour communiquer leur rapport aux chefs de clans. A l’écoute du récit de ces soldats, les yeux de tous les chefs brillent de plus en plus.  Prudent, Chopön leur demande à qui appartiennent ces terres providentielles. Les soldats lui répondent : « Certains disent qu’elles appartiennent à un garçon très spécial, ils l’appellent Tchor ».  Surpris, Chopön leur répond:  » Ah, mais c’est peut-être notre Tchor ! Si c’est lui, c’est Gyatsa qui doit aller demander si nous pouvons lui louer ces terres « .

Le lendemain, Gyatsa et Denma, sont envoyés à Mako pour rencontrer Tchor et négocier la location d’une partie des terres. Tchor accepte sans condition. Ainsi tous les habitants de Ling ont un lieu où ils peuvent se ressourcer et retrouver une vie paisible.

 

(A suivre)

 

Ecrit par Khenpo Thupten Lodrö Nyima

Copyright 2008 Wisdom Treasury – www.wisdomtreasury.com